La Banque de France a calculé un excédent d'épargne française de 111 milliards d'euros en 2020 et devrait augmenter d'environ 60 milliards d'euros en 2021. Tandis que les économistes du groupe BPCE soulignent que le taux d'épargne des ménages est encore loin du niveau prévalent précédant la crise sanitaire.
Selon Alain Tourdjman, responsable des études économiques du groupe BPCE : « nous maintenons la capacité d'épargne la plus élevée de l'histoire. C'est à la fois une volonté française et une réalité ». De plus, cette volonté d'épargner peut en réalité s’expliquer à partir des deux dernières années et le début de la crise sanitaire. Il s’agit du contexte de crise permanente. Ce qui amène les familles à réajuster leurs perspectives à long terme, notamment en termes de retraite.
D'autant plus que nous sommes dans l'incertitude du pouvoir d'achat, caractérisée par l'inflation et la hausse du prix du logement.
Après deux années particulières donnant les chiffres suivants : 21,4 % pour 2020 et 19,3 % pour 2021, ce taux d'épargne ne devrait pas approcher le niveau d'avant-crise avant 2022. Cela en maintenant un niveau plus élevé. Eric Buffandeau, directeur adjoint des études et des prospectives de BPCE a ajouté : « après avoir atteint un pic de 28 % début 2020, on assiste à une lente normalisation du taux d'épargne, qui tourne actuellement autour de 17 %. Le taux d'épargne devrait rester à 15,7 % du revenu disponible en 2022 et ne dépassera pas les 15 % de 2019. D’ailleurs, l’épargne supplémentaire pendant la crise sanitaire ne pourra pas compenser le supplément de consommation dans les futurs mois.
De plus, la motivation à épargner s'est multipliée avec la hausse des prix et l'augmentation de la dette publique. Ce qui inquiète de nombreux Français. Les attentes selon lesquelles les prix des logements continueront d'augmenter jouent également un rôle, car les banques ont désormais besoin d’apports plus importants. De plus, le récent rebond du taux d'épargne est principalement attribué aux ménages aisés, dont la propension à consommer est naturellement inférieure à la moyenne.
Ainsi, ce comportement encore prudent continue de favoriser l'investissement financier. Selon les prévisions de BPCE, après 141 milliards d'euros en 2020 et 74,4 milliards d'euros en 2019, cette année pourrait atteindre un peu plus de 110 milliards d'euros, soit les excédents cumulés sur deux ans. Cela dépasse les 130 milliards d'euros, par rapport aux conditions normales.
Par rapport à 2020, même si les dépôts à vue français restent à des niveaux historiques, les dépôts à vue ont diminué. En fin 2021, ils sont proches de 56 milliards, alors qu'ils étaient à près de 74 milliards à la fin de 2020. Cependant en fin 2019, il n'était que de 36 milliards. Généralement, même si l'assurance-vie a été restaurée cette année, l'épargne retraite a bénéficié d'un succès grâce au nouveau PER, mais ces investissements restent majoritairement orientés vers la sécurité et la liquidité.
Concernant l'outil d'épargne de précaution préféré des Français, le livret A, l'économiste de BPCE estime que le taux de salaire passera à 0,8 % en février prochain. Ce qui est théoriquement possible en raison de l'accélération de l'inflation. D’ailleurs, cela conduit à une sortie d'assurance-vie libellée en euros, plutôt qu'à une diminution des dépôts à vue.
Toutefois d’après Eric Buffandeau, la décision est d’ordre politique en ce qui concerne le fait de relever ou pas le taux du Livret A.