Pas de récession au second trimestre selon la Banque de France

Pas de récession au second trimestre selon la Banque de France
11 Juill. 2022

La Banque de France constate une croissance de l'économie de 0,25 % au deuxième trimestre, contre 0,2 % suite à une faible activité économique en début d'année, soit -0,2 % au premier trimestre. L'économie de la France sortira de justesse de la récession pendant le premier semestre, mais la flambée de l'inflation pourrait freiner la demande si les prix de l'énergie restent à la hausse.
 
L'économie française a du mal à s’en sortir. Toutefois, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait se relever un peu entre les mois d’avril et juin après avoir chuté au premier trimestre. La Banque de France compte maintenant sur une hausse modérée de 0,25 point de l'activité durant le deuxième trimestre, d’après ses dernières prévisions publiées mardi 14 juin. « En fait, la plupart des secteurs se sont améliorés en mai. Après la baisse du premier trimestre, l'activité va résister pour ne pas régresser, a affirmé Olivier Garnier, responsable de la recherche à la banque centrale, lors d'une conférence de presse. À noter qu’une récession technique désigne deux trimestres inhérents de croissance en baisse. Dans sa mise à jour économique de mai, la Banque de France prévoit une croissance du PIB de 0,2 %. Il s'agit donc d’un très léger remaniement à la hausse.
 
L'INSEE a révisé à la baisse ses chiffres de croissance de 2021 à 6,8% contre 7% antérieurement. Les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) ont abaissé les chiffres de croissance 2022 à 2,4% contre 2,7% auparavant. À seulement quelques jours du second tour des élections législatives, ces estimations décourageantes auraient un impact sur la mission du gouvernement en charge de la préparation d’un budget correctif pour 2022 et du projet de loi de finances qui lance la rentrée 2023. Pendant le Conseil des ministres, l'exécutif a déclaré que le paquet pouvoir d'achat va être exposé le 6 juillet malgré le retard.

 

 

Reprise des services marchands, énergie et agriculture en difficulté

 

Cette faible augmentation de l'activité n’est pas du tout cohérente. Le secteur tertiaire aurait dû surpasser le niveau d'activité du dernier trimestre 2021 avec +0,4 point en mai. En considérant l’importance du secteur des services dans l'économie tricolore (79%), les services marchands auraient dû rehausser la croissance pendant le deuxième trimestre après l’impact de la variante Omicron et les séquelles de la guerre en Ukraine au début de l'année.
 
Dans la construction, l'activité a aussi surpassé le niveau de fin 2021 (+0,5 point). Le secteur manufacturier se redresse également (+1,7 point de pourcentage) après une pandémie de deux ans. Par contre, l'agriculture (-0,6 point) et notamment l'énergie (-5,8 points) peinent toujours à retrouver leurs circuits avant la guerre. À terme, la pandémie, la guerre en Ukraine et l’inflation vont gravement impacter le mouvement de croissance de l'économie française.

 

 

La guerre en Ukraine exacerbe les difficultés d'approvisionnement

 

Le renforcement de la pandémie en Chine et le déclenchement de la guerre d'Ukraine en février ont encore une fois perturbé le commerce mondial. De ce fait, un nombre important d'entreprises industrielles (61%) ou de constructions (55%) signalent encore des difficultés importantes concernant leur approvisionnement. Les deux domaines dépendent beaucoup de l'étranger et affirment les conséquences néfastes de ces contraintes sur leurs activités, malgré le résultat d’enquête un peu positif de la Banque de France.
 
Dans des secteurs plus particuliers tels que l'industrie pharmaceutique, la conception de produits informatiques, ces difficultés vont même s'accroître. Enfin, la situation reste tout aussi désastreuse dans l'automobile, les machines et même l'aviation. Malgré toutes ces difficultés, les carnets de commandes restent tout de même abondants, d’après les interviews effectués auprès des managers interrogés.

 

 

L'inflation touche d'abord l'industrie

 

Les derniers résultats annoncés par l'INSEE ne sont pas étonnants, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 5,8 % en mai, ce qui a eu un impact significatif sur l'industrie. Selon les chefs d'entreprise répondant à la Banque de France, 40 % des industries ont rehaussé leurs prix au mois de mai. Au revers de ce chiffre, des différences frappantes sont observées entre les industries.
 
Dans l'industrie chimique ou dans le bois, le papier et l'imprimerie, c'est plus de 50 %. À l'inverse, il reste inférieur à 15% pour l'aviation et 30% pour l'informatique et l'électronique.

 

 

Un recrutement toujours sous pression

 

Les tensions restent tout aussi vives en matière d'embauche. Fin mai, 61 % des chefs d'entreprise du BTP déclarent avoir des difficultés à trouver des employés. Les services représentaient 57 % et l'industrie 47 %. À l'approche de l'été, de nombreux établissements du secteur de l'hôtellerie, de la restauration ou du tourisme manquent d'effectifs pour se préparer à accueillir les touristes sur la côte de la France.

 

 

La trésorerie des entreprises diminue

 

Autre constat clé de l'investigation mensuelle de conjoncture de la Banque de France : la trésorerie des entreprises s'amenuise. Après avoir culminé en 2021, la perception des chefs d'entreprise concernant la situation de leurs finances se dégrade, notamment dans le secteur manufacturier. Les dispositifs « quoi qu'il en coûte » visant à amortir l'impact de l'épidémie ont évité la chute d'un grand nombre d'entreprises. La déconnexion progressive des aides et leur manière de cibler les secteurs sous tension exposent certains domaines à des difficultés. À ce sujet, les économistes de la Banque de France n'ont pas fait allusion à des inquiétudes pendant la conférence de presse.

 

 

Pouvoir d'achat d'un demi-effectif

 

Malgré le bouclier tarifaire et une décote de 18 centimes sur les prix des carburants, la flambée des prix de l'énergie a réduit le pouvoir d'achat des familles français d'environ 1,8% pendant le premier trimestre, d’après les calculs de l'OFCE. Les économistes de Sciences-Po considèrent qu’il n’est pas possible de changer de 0,8% même en prenant en considération les dispositifs antérieurs du gouvernement, les diverses revalorisations sociales déclarées en juillet par Élisabeth Borne, les points indicateurs pour les fonctionnaires et les chèques alimentaires.
 
Il s’agirait de la baisse du pouvoir d'achat la plus importante depuis 2013. « Dans le contexte de forte incertitude géopolitique, si les taux d'épargne ne baissent pas, cette contraction affecte la dynamique de reprise à travers une dynamique de consommation des ménages plus faible », affirment les conditions économiques dans lesquelles les chercheurs sont à leur dernier point. Le gouvernement commencera sa tâche dans un contexte économique particulièrement pessimiste avant les prévisions macroéconomiques de la Banque de France pour 2022, qui doivent être publiées la semaine prochaine.