Dans son rapport de l’année, le Réseau national de lutte contre le surendettement notifie une baisse du nombre de dépôts de surendettement, les Français ont toujours du mal à payer leurs dettes.
Jeudi 2 juin, Jean-Louis Kiehl, président du Réseau national de lutte contre le surendettement (Crésus), a déclaré que près de 40 % des personnes surendettées bénéficient d'une annulation partielle ou totale de leur dette. Dans son rapport de l’année, l'association note que moins de dossiers de surendettement sont déposés, mais les Français ont toujours des difficultés à payer leurs dettes. Il a déploré le « décalage » entre les premières difficultés financières des ménages et le dépôt du dossier de surendettement à la Banque de France. « On a peur d'être signalés comme surendettés sur notre front », cependant « il faut se présenter aussi tôt », a-t-il conseillé. « Les procédures sont excellentes », a-t-il assuré.
Le nombre de dossiers de surendettement déposés à la Banque de France devient moins nombreux, cela signifie-t-il qu’il y a moins de français surendettés ?
Jean-Louis Kiehl : Bien sûr. En général, les foyers retardent le dépôt des documents concernant le surendettement. Il y a un rapport avec l’inflation et l'augmentation du coût de la vie, surtout de la nourriture, de l'énergie et du transport. Un décalage survient toujours entre le moment où le foyer est en difficulté et le moment où il dépose son dossier de surendettement. C'est la peur d'être trop endetté, même avec des programmes parfaits.
La vulnérabilité affecte tout le monde. Ce sont généralement des personnes en fin de cursus. Des familles monoparentales, des femmes qui se retrouvent seules avec leurs enfants et parfois débordées. Ces gens ne pourront jamais rembourser. La plupart des personnes surendettées appartiennent à la tranche d'âge des 25-54 ans, ce qui représente plus de la moitié des dépôts. Nous sommes préoccupés par les acheteurs d'une première maison qui pourraient ne pas être en mesure de payer leur prêt immobilier à cause des contraintes budgétaires.
Il s’agit peut-être d’une honte et d’une peur. Ensuite, les agents économiques, les banques, les établissements financiers sont invités à accorder plus d'attention à leurs clients vulnérables. Une charte a été signée en vue de proposer aux clients vulnérables des offres spécifiques pour réduire ou atténuer les difficultés initiales. Cependant parfois, il faut se pencher en amont sur le dossier du surendettement. On a encore des cas où des familles accumulent six ou sept crédits. Ils ne peuvent plus rembourser. Ils sont arrivés très tard chez nous. Il faut montrer aux foyers français qu'il n'y a pas de honte à chercher des solutions auprès des banques, des établissements financiers, des bailleurs. Malheureusement, en France, une certaine inquiétude s’instaure.
Nous avons peur de parler d'argent. Nous craignons d'être signalés comme « surendettés » sur le front, même si le programme protège vraiment les citoyens. Les gels de dettes permettent aux ménages de rebondir. Près de 40 % ont bénéficié d'une annulation partielle ou totale. Le programme a vraiment été amélioré. Mais il y a des inquiétudes quant à faire le point à un moment donné.
« Je suis un peu en retard... » Chaque foyer reconnaissait qu'il était en retard. Ils attendent, pensant qu'ils seront oubliés. Mais malheureusement, comme indiqué dans le contrat, un prêt est à rembourser. Il existe cependant des solutions. Les gouvernements ont toujours amélioré les procédures. Nous rappelons aux foyers qu'il n'est pas requis de vendre un bien s'ils ont la capacité de rembourser. La Commission du surendettement protège les biens immobiliers et permet aux foyers de conserver leur bien. Il faut y aller tôt et conseiller à chaque famille d'élaborer un budget, comprenant ressources et coûts, pour vérifier que toutes les aides ont bien été demandées.